31 juillet 2007

Journal de bord: La Transgascogne

Photo de classe pour cette édition 2007, cette colo inoubliable. Salut à vous les copains!

Daniel HD, le partenaire de la course, dont je porte fièrement les couleurs sur le Port Bourgenai.




Difficile la Transgascogne 2007. On s’en souviendra. C’est une course particulière pour moi que je viens de terminer. En effet ma première nav’ en mini c’était à l’occasion du prologue de cette course en 1999, pendant lequel j’avais eu la chance de naviguer avec Arnaud Boissières !! Un chouette souvenir, et cette année c’était mon tour.
Les fichiers météo nous annonçaient 25 nœuds, ça veut dire du 30 nœuds constant, e des rafales à 35. C’est fort mais gérable, nos bateaux sont faits pour traverser l’atlantique, nous devons être capable de surmonter des vents de cette force.
Au départ peu de vent comme vous pourrez le voir dans le film mis en lien. Je prends un super départ juste derrière Francisco et passe 3ième série la bouée de dégagement. Petit bord sous spi et passage devant Bourgenai. Les journalistes et les copains sont là, c’est génial. Je suis déjà en sueur !! Et puis ça génak jusqu’à la bouée des Sables. Entre temps je préparer mon génois pour le bord suivant, j’étais en effet partie sous solent de peur que je vent ne monte rapidement. Ca y est c’est parti direction le large. Les options commencent à se dessiner. Il y a ceux qui plongent et font de la vitesse sous mon vent, afin d’aller au plus vite chercher la bascule attendue, et il y a ceux comme moi qui privilégient la route directe et sert le vent au plus près. Autour de moi 439 de Caro, Ripolin de Pierre, 633 est derrière (Lucas doit rager… héhé), enfin voilà, je suis bien dans le match. Dans la nuit je réduis assez tôt, passe sous solent puis prends le premier ris. On se faisait des appels VHF régulier, tout le monde était un peu inquiet, le baro était en chute libre…



Et puis le vent a commencé à rentrer, la mer s’est déchaînée. Quelques skippers ont fait des vidéos du golf énervé, mais on ne se rend pas vraiment compte de ce qui se passait. J’ai barré 10 heures de suite, sous le soleil, dans cette mer déchaînée. Quand il a fallut que j’aille installer le tourmentin à l’avant, j’ai réfléchis pendant une demi-heure pour savoir comment j’allais m’attacher pour ne pas être emportée par une vague. Heureusement j’avais encore Simon en liaison VHF, il m’a boostée pour y aller, sinon je mettais mon bateau en danger en n’ayant pas assez de vitesse, et en l’exposant ainsi plus à la force des vagues. Pendant ce temps j’entendait aussi Marie-Christine qui galerait avec son solent, bref c’était pas très drôle. C’est dingue que je souhaitais que ça mollisse à 30 nœuds !!

Et puis la journée est passée tranquillement, c’était superbe comme spectacle, très excitant. Je ne sentais pas en danger mais je savais que c’était chaud. Et puis un avion est passé plusieurs fois au dessus de mon bateau. J’avais entendu à la VHF que Yann Riou avait une voix d’eau, et qu’un autre bateau avait fait un roulé boulé, je me doutais que c’était pour eux les secours. Sauf que 10 minutes plus tard j’aperçois une tache fluo sur l’eau, de la fluorescéine, avec un fumigène flottant allumé. Là je panique. Je prends ma VHF pour appeler les copains, « ho les gars, c’est normal une tâche de fluorescéine ? Je dois faire quoi, répondez !! » Et dans la précipitation je suis passée sur le canal 16 pour essayer de capter quelqu’un, et là je me prends un gros paquet de mer. Ma VHF s’est bloquée en sécurité sur le 16, impossible de repasser canal course 72. Pour moi le bateau avait coulé sous la tâche fluo. C’était très angoissant, d’autant plus que l’avion repassait autour de moi. Ce que j’ai appris plus tard, c’et qu’il me guidait pour aller chercher Benoît, qui était en train de couler avec son bateau à 400 mètres sous mon vent. J’ai par hasard regardé sous ma grand voile, quand j’ai aperçu un autre fumigène, qui s’agitait dans tous les sens au milieu des déferlantes. C’était Benoît debout sur son bateau entre deux eaux, qui me faisait des gestes pour se signaler. M… il est là le bateau !! J’ai tiré en grand sur ma barre pour foncer sur lui. Je suis passée une première fois avec mon tourmentin, et j’ai compris que Benoît allait bien, il n’était pas en détresse physique, et que les secours allaient arriver. J’ai fait 4 passages devant lui, ne sachant pas si je devais le prendre à mon bord ou pas. J’avais affalé mon tourmentin, j’étais sous GV 3 ris, et la mer était toujours aussi démontée. Les virements de bord face aux déferlantes passaient de moins en moins bien. J’ai même empanné pour le dernier passage. Un peu en vrac mais le bateau a tenu le choc. A chaque passage Benoît me donnait une nouvelle info. Mais la nuit arrivait mais pas l’hélico… (la photo a été prise de l'avion qui reperait la zone)



Enfin le son libérateur. Benoît a fait péter une fusée parachute pour qu’il le repère. Moi sachant qu’il était sauvé, j’ai fait route vite vite, un grain arrivait et je n’étais pas prête pour la nuit. Je n’avais pas mangé, je ne savais pas ou étaient mes lampes, je n’étais pas habillée. Ce n’était vraiment pas drôle. Et puis j’ai barré toute la nuit. Le vent a commencé à mollir et à adonner, je me suis retrouvée sur la route directe. En plus mon réveil ne marchait plus, j’ai du faire des sommes de une heure au moins, pas très raisonnable… Enfin bref, au petit matin j’ai renvoyé 2 ris, mais je suis restée sous tourmentin. Pas envie de faire le singe a l’avant, de toute façon je me doutais que la course était perdue pour moi.

Puis panne de GPS. Les ennuis continuaient. Je suis donc arrivée à l’estime sur l’Espagne, ne comprenant pas comment marchait mon GPS de secours (la fatigue ne devait pas aider je pense…) et puis j’avais très mal géré la nourriture à bord. J’étais épuisée. Dans la matinée je vais me coucher. Quand je remonte je croyait halluciner : juste devant mon étrave un autre mini, démâté cette fois, mais à flot. C’était Elodie sur un KPMG qui avait fait un roulé boulé 7 heures plus tôt, et qui avait faillit lui coûter la vie. Je n’étais évidement pas au courant de ce qui lui était arrivé quand je suis venue sur elle.
J’ai donc choqué en grand, « ça va ? Les secours sont prévenus ? » Elle me répond que oui, et de part son attitude et ce qu’elle me dit je comprend qu’elle na pas besoin d’aide. Pour moi elle venait de démâter à quelques milles de l’arrivée, et je ne voulais pas l’embèter, ou qu’elle croit que je veuille la narguer… Donc je suis partie, alors qu’en fait elle était en réelle détresse physique et morale, elle avait de l’eau dans les poumons, et que même si je n’aurais rien pu faire pour elle, j’aurais au moins pu rester près d’elle en attendant son sauvetage comme je l’avait fait avec Benoît. Mais bon, c’est comme ça. Heureusement elle a été secourue 30 minutes après que l’on se soit croisées. Je pense bien à elle, j’espère qu’elle sera vite sur pieds que l’on puisse a nouveau s’affronter sur l’eau, comme pendant la Simrad ou s’était particulièrement prenant...

Plus tard en arrivant sur l’Espagne, je suis rentrée dans une première crique. Mais le fond remontait en grand, et je ne voyais pas de port derrière. J’ai fait demi-tour en vitesse, n’ayant aucune envie de m’échouer à quelques milles de l’arrivée… En faisant demi-tour je suis tombée sur un autre mini, gris, je pensait que c’était le croate (qui, je l’ai également appris en arrivant à Santander, à également fait un 360 avec son bateau…). En fait c’était ma copine Luce avec son « No War » qui arrivait en même temps que moi. Une concurrente directe donc, mais comme je ne pensais pas que s’était elle, je me suis contentée de la suivre, sous tourmentin comme elle, sans mettre la wouach. J’avais qu’une envie : arriver !

Enfin cette ligne d’arrivée, et le son de la voix de Patrick directeur du comité « top arrivée pour le 685 ! » C’était génial. J’ai braillé comme jamais. Je l’avais fait, j’ai traversé le Golf de Gascogne, avec des vents jusqu’à 50 nœuds, et je m’en était sortie. J’ai bien fêté ça à Santander…

1 commentaire:

Anonyme a dit…

A lire les commentaires ici et là, c'était effectivement une traversée de fou-furieux. Bravo pour cette première agitée qui se fini bien: nul doute que tu as accumulé un expérience précieuse qui te servira un jour ! Bonne chance pour la Fastnet et merci pour le récit ! Si tu arrives à récupérer une vidéo du Golfe en colère, c'est avec plaisir !
A bientôt,
Christian